
ESPECES EXOTIQUES
ENVAHISSANTES
dans les Pyrénées-Orientales
LA PERRUCHE
A COLLIER
La Perruche a collier (Psittacula krameri), est un oiseau de grande taille avoisinant les 50 cm de longueur. Reconnaissable par sa couleur vert clair et son bec rouge foncé, l'oiseau peut posséder du noir, du rose et du bleu-mauve au niveau du collier, d’où son nom. Il y a peu de différences entre les deux sexes mais contrairement au mâle, la femelle possède un collier uniquement vert émeraude.
Elle est originaire du continent africain et asiatique. En Afrique on les trouve principalement du Sénégal au Soudan, on la trouve également en Éthiopie. En Asie, on la retrouve en Afghanistan, au Pakistan et en Inde ainsi qu'en Chine et au Népal. Elle peut vivre dans des milieux diversifiés, comme dans la savane semi-désertique ou dans les jungles. Mais elle peut vivre également dans les forets de pins, dans les vallées boisées et jusque dans les jardins, les vergers et parfois les entrepôts de fruits ou de graines. Elle est capable de s'adapter assez facilement a son milieu, d’où son arrivée dans les Pyrénées-Orientales et plus généralement, en Europe.
C'est pour cela que nous allons parler d'espèce exotique envahissante lorsque nous regardons un pays comme la France et, dans le cas qui nous concerne, dans les Pyrénées-Orientales. Selon une étude de la Ligue de Protection des Oiseaux, en 2014 la population de Psittacula krameri était de 6000 individus en France. Dans les Pyrénées-Orientales, la population en 2014 approchait les 40 individus, seulement ce chiffre est sûrement sous-estimé, d'autant plus que la population sud-catalane commence à s'étendre plus au nord, en direction du Roussillon.
Cette espèce se serait installée en France par plusieurs façons : la moins probable du fait que les individus se déplacent peu, serait par bonds successifs depuis le continent africain jusqu'en Europe. la seconde serait par les élevages, où quelques individus se seraient échappés ou qui ont été remis en liberté. Dans les Pyrénées-Orientales, l'espèce trouverait sa source depuis la Catalogne Sud ou elles sont des milliers. Elles n'auraient aucun mal à passer les Pyrénées et à s’installer dans les villes du Roussillon. Elles se seraient également établies lors de la récente tempête Klaus en 2009, ou plusieurs éleveurs ont vus leurs installations détruites, permettant aux oiseaux de s’enfuir et de peupler le département. Cet oiseau vit en groupe de 12 à 15 individus et forme des dortoirs jusqu'à plusieurs milliers d'individus. Elle vit préférentiellement entre 0 et 200m d'altitude mais peut-être retrouvée au-delà. On les retrouve aux alentours des villes ou des villages de grandes tailles où elle peut trouver facilement les ressources nécessaires à sa survie. Elle se nourrit de graines et de baies et va jusqu'à fréquenter les mangeoires communes aux autres espèces d’oiseaux. Vivant en périphérie et dans les espaces verts des villes, elles profitent d'un environnement et d'un climat moins rude qu'en campagne. Ces perruches nichent dans les cavités des gros arbres, comme dans les platanes qui deviennent souvent creux et sont retrouvés fréquemment dans les Pyrénées-Orientales. On peut les voir nicher également dans les murs en ruines et dans les irrégularités des rochers, ainsi que dans les palmiers. Dans leur habitat naturel, elles nichent en général de décembre à mai. En France, elles nichent principalement en février, soit bien avant les espèces d’oiseaux locales. Dans les Pyrénées-Orientales, on a retrouvé ces perruches à Prades, Banyuls-sur-Mer, Perpignan et Alenya. Selon une étude catalane, elles vivent en environnement urbain et péri-urbain à 25%. On les retrouve majoritairement dans les pinèdes (pins blancs, pins parasols et exotiques) à hauteur de 35%. Enfin, on peut en retrouver près des champs de céréales, des vergers, des buissons méditerranéens et jusque sur les plages. Les effectifs dans les Pyrénées-Orientales sont en constante augmentation surtout que les populations sud pyrénéennes et nord-pyrénéennes pourraient se rencontrer prochainement, créant une population de plusieurs milliers d'individus.
La présence de la perruche à collier peut avoir plusieurs conséquences. Au niveau de la biodiversité. Cette espèce partagerait les mêmes ressources que les espèces locales. Elle entrerait en compétition avec les oiseaux se nourrissant de graines et de fruits comme le moineau, la sittelle, la mésange, l’étourneau et le merle. Par rapport à leur lieu de nidification, il se pourrait, qu'elles entrent en compétition avec certains rapaces nocturnes. Cela pourrait pousser à la diminution des effectifs des espèces locales ou à un changement de leurs lieux de vie. Malheureusement, aucune études sur ces possibles relations entre les espèces locales et la perruche n'ont étés réalisées. Il est donc possible que cette compétition n’a pas lieu. Ensuite, d'après une étude catalane, elles auraient un mauvais effet sur la structure des espèces végétales qu'elles fréquentent. Au niveau économique. Cette espèce est suspectée de ravager les cultures fruitières, impactant fortement les productions comme il a été montré au Pakistan et en Inde. Sur le plan de la santé et toujours selon l’étude catalane, les perruches seraient susceptibles d'être la source de la Psittacose, une maladie causée par la bactérie Chlamidophila psittaci, que l'on retrouve dans les déjections sèches des oiseaux, et notamment des perruches sauvages. Le fait de retrouver cette espèce en milieu urbain augmente donc le risque de transmission à l'Homme. Une maladie problématique pour les élevages des amateurs d’oiseaux, serait celle causée par le virus de Newcastle (pseudo-peste aviaire), qui pourrait se transmettre via ces perruches.
Pour ralentir l’installation de cette espèce, aucunes actions ne sont effectuées dans les Pyrénées-Orientales. Cependant, le rapport du Ministère de l'Agriculture Espagnol suggère quelques solutions.
La première, et la plus importante, serait la prévention au public. En effet, comme nous l'avons dit précédemment, une des hypothèses d'apparition de l'oiseau sur le territoire catalan est la remise en liberté. Il faut sensibiliser les possesseurs de P. krameri pour qu'ils évitent de relâcher leurs individus, même si cela part d'une bonne intention.
Une autre solution serait de capturer les individus afin de baisser manuellement la population dans un premier temps et rendre la rencontre entre deux sexes plus difficile dans un second temps. Seulement, cette solution est possible seulement si les individus captures ne soit remis en liberté d'une quelconque manière. Une troisième solution serait l'abattage, mais comment parler de prévention et de sensibilisation au grand public qui pour la plupart trouve cet oiseau agréable et procéder a une suppression ? Cela semble assez peu réalisable. Enfin, la dernière solution possible serait de rendre les œufs stériles. Cette solution semble intéressante car elle est moins marquante pour le grand-public qu'un abattage et elle permettrait de réguler la population durablement. Mais pour le moment, aucune n'a été réalisée dans les Pyrénées-Orientales.

Notez le collier rose clair et noir, ainsi que le bec rouge.


Notez le collier rose clair et noir, ainsi que le bec rouge.