
ESPECES EXOTIQUES
ENVAHISSANTES
dans les Pyrénées-Orientales
Impacts
Le discoglosse peint est assez discret du fait de ses mœurs principalement nocturnes. Il peu passer inaperçu aux yeux des non initiés car il se comporte un peu comme une grenouille en plongeant dans l’eau à l’approche d’un danger. Il remonte alors en surface et ne laisse immerger que ses yeux et ses narines afin de pouvoir respirer et surveiller en toute discrétion.
En France et en Espagne, il est peu regardant quant à son habitat et se contente d’une grande variété de zones humides plus ou moins temporaires et modifiées par l’Homme, voire même, légèrement saumâtre. Néanmoins il se satisfait presque exclusivement des zones de basses altitudes et demeure rare au dessus de 400 mètres dans notre département bien que ça reproduction soit avérée jusqu’à 1250 mètres d’altitude !
Ces caractéristiques ont permis à l’espèce de coloniser très rapidement ce nouveau territoire qui s’offrait à eux : ainsi, la progression du Discoglosse depuis son introduction au début du XX siècle à été très rapide en Languedoc-Roussillon comme en témoigne la carte des observations ci-dessous.
Il en va de même pour la Catalogne Sud où l’espèce est maintenant bien implantée le long du littoral jusqu’au Nord-Est de la province de Barcelone. Une population est également connue en banlieue Sud-Ouest de Barcelone depuis 2004, ce qui constitue une progression de près de 100Km par rapport au front de progression de l’espèce.
Cette progression est due principalement aux individus immatures qui peuvent effectuer des déplacements assez importants par temps pluvieux et à la grande capacité de reproduction de l’espèce. En effet, la période de reproduction s’étend de janvier à juillet et une femelle à une fécondité de 6 000 œufs par an, ce qui est bien plus que la plupart des amphibiens autochtones. La maturité sexuelle est atteinte au bout d’un an, ce qui est assez rapide également.
En Espagne, il a ainsi été montré que le discoglosse peint avait une vitesse de progression d’environ 2,7 km/an le long du littoral et 1,1 km/an vers l’intérieur des terres. Ces chiffres sont sans doute très proche en France, bien qu’aucune étude n’ai été menée sur le sujet.
Dans les Pyrénées-Orientales une étude montre que le Discoglosse peint, à l’inverse des autres amphibiens autochtones, se nourrit d’une proportion de mollusques beaucoup plus importante (> 20 % contre 2 % pour les autres amphibiens) et d’une plus faible proportion d’insectes (< 50 % contre > 70 % pour les autres amphibiens). L’impact sur les populations de mollusques n’a pas été étudié spécifiquement mais l’arrivée du discoglosse dans certaine région pourrait perturber certains écosystèmes, voire peut-être, menacer certaines espèces endémiques de mollusques présentes dans ces départements (plusieurs espèces dans l’Hérault par exemple).
De plus, il a été montré en Espagne, qu’en présence de Discoglosse peint, le Crapaud calamite (Bufo calamita) et le Pélodyte ponctuée (Pelodytes punctatus) sont affectés pendant la période de reproduction. En effet, les têtards de ces deux espèces présentent une mortalité plus importante et un taux de croissance plus faible tandis que ceux du Discoglosse peint sont plus grands et se développent plus vite en leur présence. Ces résultats, ajoutés à la forte capacité de colonisation de l’espèce sont en faveur de son classement en tant qu’espèce exotique envahissante.
De même des individus, trouvés en amplexus ou à ce qui ressemblerait
à des tentatives d'amplexus (= technique de reproduc tion des amphibiens)
ont été photographiés en compagnie d'autres espèces.
Les hybridations étants assez fréquentes chez les anoures ( = les grenouilles),
il peut être utile de surveiller une éventuelle appartition d'hybrides liée à la
présence de discoglosse peint.
Cependant cela reste tout de même assez peu probable puisque en france
continentale, le discoglosse peint est la seule espèce de son genre et celle-ci
est relativement isolée génétiquement des autres espèces d'anoures présentes.
Néanmoins le temps passé par les femelles des espèces de grenouilles tentant
de se reproduire avec des discoglosses peints impact négativement leur
reproduction et il ne faudrait pas que ce phénomène se généralise.
Sachant que le Discoglosse peint à été trouvé en France, en coexistence avec au moins douze espèces d’amphibiens, il est important de mener de nouvelles études sur des sites qui pourraient être prochainement colonisés par l’espèce afin d’y mesurer l’impacte de l’arrivée du Discoglosse et de chercher d’éventuels moyens de lute contre sa progression si cela s’avère nécessaire.
Il est à noter que la capacité de colonisation de l’espèce pourrait être due à un type de morphe particulier. En effet, lors des différentes prospections qui ont eu lieu en France, les trois morphes ont pu être observés dans les Pyrénées-Orientales tandis que seul le morphe ocellé semble être présent dans l’Aude et dans l’Hérault, les deux départements ayant été colonisés très rapidement ces dernières années. Cela pourrait être lié à un avantage adaptatif propre au morphe ocellé mais n’étant pas encore élucidé à ce jour.

